Etat d'Urgence
Comédie de
Florence Delorme
créée le 5 juin 2016
Salle Victor Hugo
de la
MJC Centre Social de Meythet
par
Isabelle Abouly, Fanny Abouly, Théanie Baskevitch,
Domel Delorme, Martine Desplat,
Nathalie Lalanne, Soléa Launay-Delorme, Jocelyne Marin,
Mathieu Coster, Nicolas Guillaud-Saumur,
Lionel Pellissier et Anthony Roux.
Mise en scène
Florence Delorme
Pitch
Une alerte générale rassemble 11 personnes dans un abri de fortune. Une comédie sur le vivre ensemble, les différences, la manière de les supporter ou de ne pas s'y résoudre.
Distribution
- 11 comédiens
- un régisseur lumière et son
Interview de Florence Delorme par Karl-Olivier Riffaye.
K.O.Riffaye – Chère Florence Delorme, pouvez-vous nous dire le sujet de votre pièce ?
Florence Delorme – État d’Urgence parle de nous.
K.O.R. – Au théâtre, rien de plus normal, le théâtre fait-il autre chose que parler de nous ?
F.D. – Oui, bon, d’accord, mais État d’Urgence parle de nous aujourd’hui, de nous dans l’histoire d’aujourd’hui !
K.O.R. – Quelle prétention ! L’histoire d’aujourd’hui… rien que ça ! Comme s’il y avait quoi que ce soit d’historique à « aujourd’hui ».
F.D.– Comment ça ? Je ne comprends pas.
K.O.R. – Mais enfin, ma pauvre amie, l’Histoire, la vraie, avec un grand « H » ça ne concerne que les choses vraiment importantes, celles du passé ! La bataille de Marignan, voilà un événement historique ! Plus personne ne se souvient de ce qui s’y est vraiment passé, la seul chose qu’on sait c’est que c’était à Marignan et qu’on y mangeait du veau.
F.D. – Du veau ?
K.O.R.– Evidemment ! Tout le monde connait le veau Marignan, fleuron de la cuisine française !
F.D. – Ce ne serait pas plutôt le veau Marengo ?
K.O.R.– Oh écoutez ma petite, si c’est pour chipoter… Marignan, Marengo, c’est du pareil au même, c’est de l’Histoire, de la vraie, des combats, des batailles avec des tranchées, des arcs et des flèches, des arquebuses, des sabres laser et des taxis de Lamarque !
F.D. – La Marne.
K.O.R. – Hein ? Qui ça ?
F.D. – Les taxis, c’étaient les taxis de la Marne.
K.O.R. – À Marignan ?
F.D. – Mais non…
K.O.R. – Ah ! Vous voyez bien que vous dites n’importe quoi. Non, croyez-moi, l’Histoire, il vaut mieux laisser ça aux gens sérieux. Et puis, de toute façon, l’Histoire, c’est fini, il ne se passe plus rien… les réfugiés, le réchauffement de la planète, la montée des populismes, qui voulez-vous que ça intéresse ?
F.D. – Ben… les gens qui viennent voir État d’Urgence disent que…
K.O.R. – Ah, parce que vous les écoutez ! Mais ma pauvre petite, si vous donnez la parole aux gens, ils la prennent et ils finissent par dire n’importe quoi. Non, croyez-en ma vieille expérience, vous n’arriverez jamais à rien si vous écoutez n’importe qui.
F.D. – Est-ce que vous pouvez retirer votre main de ma cuisse s’il vous plaît ?
K.O.R. – Oh pardon, je vous avais prise pour le pied de la table.
F.D. – Merci. Alors écoutez ce que j’ai à dire. État d’Urgence raconte une petite partie de la vie de gens ordinaires pris dans des circonstances extraordinaires. Ils restent tels qu’ils sont d’habitude, ils ont les mêmes comportements, les mêmes lâchetés, les mêmes envies… leur vie est toujours la même, et ils s’adaptent. J’ai préféré les montrer confrontant leurs différences d’une façon comique, et ça marche. Les gens rient de leur bêtise, de leurs incohérences, de leur versatilité…
K.O.R. – Ah ! Versailles… !
F.D. – Non, pas Versailles, « versatile », ça signifie qu’ils changent constamment d’avis.
K.O.R. – Oui, bon, ça va, je l’savais…
F.D. – Et je suis contente de faire rire les gens avec des sujets qui s’inscrivent dans l’Histoire contemporaine.
K.O.R. – Ah parce qu’en plus ça fait rire !
F.D. – Oui.
K.O.R. – Ma pauvre petite… !
Pour les organisateurs
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